Ou pas.
Un patient à la consultation ce matin.
Fumeur, pontage cardiaque, diabète.
Vient pour refaire son appareil qu'il a cassé puis réparé à la super glue.
Refuse dans un premier temps de me donner la liste de ses médicaments.
Me dit que ça me regarde pas, ni ses médicaments ni sa consommation en tabac.
Je lui explique que c'est pas pour moi mais pour lui que je lui demande tout ça, et que même si je soigne ses dents pour lui, en fait je le soigne entier. Que si il fait un malaise je serais bien contente en appellant les secours de savoir sa situation médicale. Et que si il refuse, c'est lui qu'il dessert.
Il a juste besoin de son appareil. Il ne comprend pas pourquoi je lui demande tout ça.
J'ai juste envie de faire mon travail correctement, je comprends que je l'emmerde profondement.
On passe à l'examen dentaire. Il me montre son appareil, il a marché dessus. Je ne lui demande pas comment il en est arrivé à marcher sur son appareil. Ca, ça me regarde vraiment pas en fait.
Il a des dents à l'état de racines partout. Vu son état de santé, je lui explique qu'il va falloir les enlever avant de faire l'appareil, puisqu'actuellement celui ci s'appuie sur des racines, qu'elles sont toutes irritées du coup.
Il s'enerve. Brutalement. Se met à parler vite, fort.
Il vient pour son appareil, et que pour ça. Pas pour ses dents. Je le laisse parler, j'arrive pas à en placer une.
Je me refuse à élever la voix au fauteuil. Je n'aime pas crier, ni m'imposer. J'attend qu'il commence à répéter ses phrases.
Là j'enlève mon masque, je lui demande poliment si je peux répondre à ce qu'il vient de me dire. Le calme et la politesse c'est beaucoup plus destabilisant que les cris.
Je lui explique que je ne soigne pas les dents, mais les patients, dans leur globalité. Que je ne peux pas juste réparer son appareil et le laisser repartir dans la nature.
Il est vraiment très énervé. "vous allez me refaire mon appareil oui ou pas?"
Je lui répond non. Il avance sa main, je recule prudement parce que j'ai pas envie de m'en prendre une, calme apparent ou non, j'ai quand même un peu la trouille. Il récupère son appareil et s'en va en exprimant sa colère par des mots, c'est toujours mieux que de la violence physique. Mais quand même, je ne comprend toujours pas la violence envers les soignants. Je ne l'accepte pas, et j'espere que je ne l'accepterais jamais.
(ce billet est un mix de 2 situations, mais c'est du vécu...)